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LIVE REPORT D'URIAH HEEP A L'ESPACE JULIEN (24/01/19)


La première fois qu'Uriah Heep est passé à Marseille c’était en 1975. J’étais pas né. La première fois où je suis allé les voir, c’était à Losheim am see, un bled allemand à la frontière luxembourgeoise, en plein décembre par un froid de canard. C’était en 2007 et c'est dire à quel point je voulais absolument voir ce combo. Depuis j'ai pu les voir deux autres fois en festival, mais rien ne vaut un show en salle les concernant. Car les anglais ont beau être un des groupes les plus sous estimés, avec en leur sein un des gratteux les plus sous évalué également, et avoir 50 ans de carrière, en live ils ont toujours une énergie de dingues !
Si l'Espace Julien n’était rempli qu'à moitié (400-500 je dirais), prouvant encore une fois à quel point ils sont injustement méconnus, au moins les fans présents, avoisinant facilement la cinquantaine de moyenne d'âge, ont fait du bruit et rendu au groupe toute la générosité dont il a fait preuve. De vrais fans connaisseurs, acclamant autant le dernier album que les chansons légendaires.


Entrés sur scène à 20h00 tapantes sans première partie, les anciens ont balancés nouveaux et anciens morceaux durant près de 1h45, avec un son proche de la perfection, assez fort et très clair, où tous les instruments étaient largement audibles. Et ça c'est un gros point positif pour apprécier pleinement la musique du Heep. 
En effet, si la guitare de Mick Box et le clavier de Phil Lanzon sont la colonne vertébrale des compos, la basse est technique et groovy, la batterie pleine de punch, et évidemment la voix de Bernie Shaw inimitable.
Quelle cohésion entre les membres, quelle homogénéité, quelle passion commune ! Même les "jeunes" Rimmer (présent depuis l'avant dernier opus) et Gilbrook sont à fond dedans, quelle virtuosité à la basse chez le premier et quelle hargne tout sourire aux fûts pour le second. A propos de ce dernier c'est vrai que ses mimiques étaient parfois étranges, mais au moins son bonheur transparaissait sur son visage !


Mick Box, gratteux d'origine ayant dépassé les 70 piges, a été impeccable, comme à son habitude, distillant riffs ultra carrés et soli d'un autre monde parfois. Les chansons anciennes étant souvent un peu étirées, à la mode de l’époque, cela lui permet de montrer tout son savoir faire, avec en point d'orgue cette démonstration pleine de feeling et de technicité sur "July Morning"... Un monstre de la six cordes tellement sous estimé...
Et pourtant il(s) joue(nt) comme s'il(s) étai(en)t à Donington ! Un plaisir évident et non feint. Même après toutes ces décennies à tourner, Uriah Heep étant une des formations n’arrêtant pas de fouler les planches du monde entier, réputée pour régulièrement visiter des pays moins connus, où ils ont plus de succès que chez nous.


Et dire qu'ils sont de la génération de Led Zep', Deep Purple et Rainbow, sans avoir malheureusement connu la même popularité, alors qu'ils ont des morceaux qui n'ont rien à envier aux premiers... 
Quand ils interprètent, comme en ce jeudi soir glacial, des hymnes purs à la "Return to Fantasy", l’envoûtant "Gypsy" (ce riff, mais ce riff... 49 ans dans les dents et pas une ride !), l’entraînant "Look at yourself", le magnifique "July Morning" ('tain je crois que j'ai versé ma larme sur celui ci...), le doucereux "Sunrise" et ses chœurs déchirants, l'hypnotique "Lady in black" (mon préféré !) et son refrain lancinant repris par une assistance conquise, ou l'endiablé "Easy Livin'" pour un final à mille à l'heure... comment ne pas les mettre au même niveau qu'un "Dazed and confused", un "Stargazer" ou un "Smoke on the water" ?! Les mystères de la grande Histoire musicale...


Et encore il en manque des classiques. Mais le groupe a pour habitude de jouer ses plus gros standards, et une bonne partie de l'album qui vient de sortir. Dommage pour les disques intermédiaires qui vont du moyen au très bon, notamment le "Into the wild" de 2011 n'ayant rien à envier aux vieux, mais c'est la politique, louable, des anglais. Ce "Living the dream" a beaucoup tourné, mais je ne l'ai pas trouvé exceptionnel. "Juste" bon. Sauf que les six chansons jouées live prennent une toute autre dimension avec ce son d'enfer, et donnent une coloration plus heavy et moderne que les woodstockiens "July morning" ou "Easy livin'". Deux facettes du Heep, totalement maîtrisées, qui ressortent plus ou moins dans chaque compo.
Du coup ces "Take away my soul", "Rocks in the road", "Grazed by heaven" et "Knockin' at my door" (cette basse grondante !) écrasent tout sur leur passage avec leurs riffs incisifs, tandis que le lourdement heavy "Living the dream" fait banguer, et que le lent "Waters flowin'" a de fortes réminiscences 70's avec son refrain à voix multiples.


Y a rien à dire de plus que le Heep fût une fois de plus grand, très grand, proposant un live proche de l'exceptionnel, faisant l'unanimité, même chez mon ami photographe venu en simple curieux ;)
Cette patate et cette passion, à ce niveau d’expérience (et d'âge, avouons le), c'est franchement un bonheur à voir et entendre. 
Nous étions peu, mais nous fûmes comblés et l'avons bien fait comprendre aux vénérables anglais qui méritent amplement leur place au Panthéon du Rock.

Setlist :
Grazed by Heaven
Return to Fantasy
Living the Dream
Too Scared to Run
Take Away My Soul
Knocking at My Door
Rainbow Demon
Waters Flowin'
Rocks in the Road
Gypsy
Look at Yourself
July Morning
Lady in Black

Rappel :
Sunrise
Easy Livin' 

Texte : Gandalf

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