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LIVE REPORT DE MARILYN MANSON A L'ACCORHOTELS ARENA (27/11/17)


Marilyn Manson, un nom qui sonne comme le diable pour certains, comme un génie pour les autres. Longtemps j’ai voulu le voir sur scène mais entre deux annulations de sa part (sur-lendemain des attentats du Bataclan), ce fut un peu chaotique. Il aura fallu attendre le Hellfest il y a quelques années pour une prestation loin d’avoir marqué mes esprits : mauvaise humeur, set raccourci, tchao bonsoir. Il est comme ça Manson, capable du pire comme du meilleur. Le créateur d’"Antichrist Superstar" avait pourtant mis un sacré coup de folie dans le milieu, malgré un nom calqué sur celui d’Alice Cooper (un prénom de femme et un nom de serial killer). Manson toujours plus dans la provoc’ fascine autant qu’il dérange, trimbalant avec lui une belle bulle de conneries de rumeurs, jusqu’à être accusé trop facilement de la tuerie de Colombine dans le Colorado. Mais Manson c’est au delà de tout cet apparat, c’est un homme d’une grande intelligence, aussi bon acteur que chanteur et compositeur qui sait se réinventer, à l’image de son avant dernier et superbe album "The Pale Emperor". Ne fantasmez pas sur le personnage, Manson à la scène n’est en rien comparable avec Warner à la maison traînant en chaussons à donner du pâté à son chat.


Cette année, avec la sortie repoussée de plus de 7 mois de son 10ème album initialement intitulé "Say 10" (phonétiquement ça donne « Satan »), puis "Heaven Upside Down", le black révérend Brian Warner était attendu sur scène. Regain de popularité suite à ses positions virulentes contre Donald Trump, Marilyn Manson a une fois de plus sorti l’artillerie lourde sur ce nouvel opus le remettant en scelle avec une voix et des idées que l’on écoute plus que l’on détraque. Cependant, la malchance continue pour cette nouvelle tournée, avec les accusations de viol sur son Bassiste Twiggy Ramirez par son ex femme (qu’il a, pour le coup, renvoyé il y a quelques semaines), le décès de son premier guitariste Daisy Berkowitz et la chute du décor scénique sur son tibia…Résultat ? Une dizaine de dates annulées et une jambe immobilisée.
Toutefois, Manson était bel et bien présent ce 27/11/17 dans l’Accorhotels Arena de Paris, pour 1h45 de show, boiteuses certes, comme sa jambe, mais assurées. Il faudra attendre 21h10 pour que "The End" des Doors plonge la salle dans l’obscurité avant de laisser place à une musique d’ambiance qui n’en finit pas. En coulisses, derrière le drap noir surplombant la scène, ça s’agite ! On peut (en gradin à gauche) apercevoir Marilyn Manson en fauteuil roulant, en train d’être installé debout, jambes ligotées. Ça traîne en longueur mais on peut comprendre que dans le noir, ce n’est pas très simple à gérer.


21h20, le drap s’effondre, les musiciens balancent "Revelation#12" issu du dernier album, la foule exulte, les gradins se lèvent et Manson fait mu-muse avec sa chaise en position debout, tournant sur elle-même. Aïe, le son est mauvais ! Je n’entends pas sa voix, et ce sera la cas pour 60% du concert. Lorsque les musiciens s’effacent, pas de souci, la voix grave et caverneuse du révérend est limpide, mais hélas, vite couverte par la puissance des grattes. J’acclame la performance de l’artiste qui avec une jambe immobilisée, tiendra son show d’une main de maître et aura travaillé pour que son handicap devienne une force. Que serait Manson sans son univers sombre et grotesque, alors quoi de mieux que de forcer les traits et d’apparaître sur une jambe de bois ou un fauteuil gothique ?


Entre chaque chanson, deux assistants déguisés en chirurgien viennent aider Manson à changer de position (chaise, jambe de bois, micro, table d’opération), créant ainsi une attente assez déplaisante mais indispensable et bien évidemment, largement pardonnée. Manson en plaisantera et il sera de très bonne compagnie ce soir. Il fera des bisous à la foule, grand sourire criant à plusieurs reprise « I love you guys, I love you Paris ». La foule oscille entre 20 et 40 ans, le noir domine mais pas que. Un duo de copines déguisées en pyjama « vache », des vestes Hellfest ou encore des T shirt Depeche Mode sont présents (mais pas de reprise de "Personal Jesus" ce soir).


Musicalement, y’a pas à dire, Manson c’est carré et j’ai toujours eu un faible pour sa putain de rythmique ! La batterie a assuré hier, et que dire des titres "Deep Six" (un de mes préférés) et "The Beautiful People" clinquant comme des pépites auditives ! L’intro de "The Beautiful People" sera d’ailleurs très appréciée, longuement introduite par une frappe saccadée de Manson sur les cordes du guitariste, laissant planer une émulation latente, jusqu’au coup de grâce du démarrage. Manson se permettra de stopper le morceau net, afin de mettre la foule à ses pieds, le suppliant de reprendre, tel un révérend maître de ses adeptes au sein de sa chapelle parisienne. Ce titre vous absorbe à chaque fois !


Au niveau des covers, le choix sera une fois de plus porté sur "Sweet Dreams", interprété sur un brancard, mais le metalleux est sensible aux balades, ça passe comme dans du beurre. Alternant vieux tubes comme "Tourniquet", "Disposable Teens", "The Dope Show", "This Is The New Shit", "Mobscene" et récents comme "Kill4me", "Say10", "Deep Six", la setlist est agilement trouvée, même si bordel, il m’en manque des dizaines ! Cela dit, "Kill4Me" cartonne tellement en live, une claque. Pour ce qui est de la foule, j’peux pas dire que l’ambiance soit dingue…quelques circle pit en fosse, et encore…et des gradins debout mais amorphes. Peut être blasés du mauvais son qui n’a pas permis d’apprécier le show comme il aurait du l’être ! La salle est loin d’être remplie, un zénith aurait fait l’affaire. Tous les sièges en hauteur sont drapés de noir et quelques sièges restent vides en fond de salle. Quel dommage !


Quant à la scène, assez épurée, aucun écran géant, et seuls deux gros pistolets l’habillent, les mêmes que ceux qui se sont effondrés lui broyant la jambe, quelques semaines plus tôt. Marilyn, peinturé de sang et maintenu dans un corset noir, fera des efforts vestimentaires, briguant tantôt une casquette militaire, tantôt un voile rouge, tantôt un manteau cuir noir, tantôt un rouge, ou encore un sublime habit de plumes noires. Marilyn Manson se donne vraiment du mal avec cette jambe artificielle, mais il ne se plaint pas. Les musiciens sont fantastiques mais complètement effacés à ses cotés. Il faut dire que c’est un personnage ! Sa petite lubie portera sur le tomber de micro. Je ne sais pas combien il en explosera mais à chaque fin de titre, le micro était lâché d’1m70 de haut, voire balancé en l’air, avant de retomber dans un bruit sourd marquant la fin sans rappel des chansons. Il en sera d’ailleurs de même pour la fin de set, sur "Coma White" où la troupe s’en ira une fois le micro à terre, sans un au revoir ni signe de mains indiquant un « merci, bonne nuit, rentrez bien ». Seule la bande son de la reprise de Jonnhy Cash, "God’s Gonna Cut You Down" interpellera la foule sur le fait que le concert est bien terminé.


Malgré quelques manquements comme le son ou des enchaînements bien trop longs entre chaque titre (largement excusés bien entendu vue la situation handicapante dans laquelle il est), Marilyn Manson a su être généreux dans sa prestation et nous honorer avec complaisance et bienveillance, le tout avec une jambe en moins. Il reste un compositeur hors pair, avec des idées pertinentes et un recul sur la société clairvoyant , mais il a perdu de sa superbe scéniquement parlant. Bien que je n’ai jamais été adepte de ses délires passés et que j’aime d’autant plus l’artiste qu’il est devenu, il m’a manqué le petit truc en plus (ambiance, son, musiciens plus affirmés) me transportant au firmament des messes noires comme lui seul peut le faire.


Setlist :
Revelation #12
This Is the New Shit
Disposable Teens
mOBSCENE
Kill4Me
Deep Six
The Dope Show
Play Video
Sweet Dreams (Are Made of This)
Tourniquet
We Know Where You Fucking Live
Say10

Rappel :
Cruci-Fiction in Space
The Beautiful People
Coma White


Texte, photos et vidéo : 
Mélissa Mélou Ultradelta


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