Le “groupe” fondé et mené par Tobias Forge était de retour à Paris ce lundi 18 avril à l’Accor Arena pour 1h45 de show taillé aux petits oignons ! Une soirée incroyable avec un public survolté, et une rumeur au bout de toutes les lèvres “Seront-ils la tête d’affiche manquante du Hellfest ?”
Après avoir fait la Cigale, puis l’Olympia en 2017 et le Zénith en 2019, Ghost a pu se payer le luxe de remplir Bercy. La progression du groupe est sans équivoque, marquée à chaque fois par la sortie d’albums aussi décriés par les fans de la première heure que plébiscités par la majorité. Le dernier et 5ème album, Impera, sorti en mars, s’est hissé n°5 des ventes en France et dans le monde : n°3 en Australie, n°2 aux USA et UK, n°1 en Allemagne et Suède, terre natale de Tobias.
Le concept décliné dans Impera (régner) est celui de la fin des empires et la reconstruction sur leurs cendres d’un nouveau monde comme expliqué dans le titre qui ouvre l’album “We are building our empire From the ashes of an old” (lisez les paroles, le titre parle de l’assassinat d’Hypnotia au sein du Caesareum dit Kaisarion en allemand, la cruauté des empereurs et l’emprise du christianisme).
La tournée Impera, débutée aux USA avec Volbeat arrive début avril en Europe. Le groupe est accompagné par deux premières parties : Uncle Acid and the Deadbeats et Twin Temple. Pour le premier, c’était très sympa, dans la vogue doom psychédélique très rock, parfois heavy avec sur leur titre final Melody Lane, un sacré plagiat des Stones. Rares sont les fois où les concerts commencent pile à l’heure mais connaissant Tobias Forge et son sens de la discipline, c’est bien sûr à 21h00min00sec que Bercy tombe dans le noir avec comme bande son, des chants grégoriens. Vient alors l’instrumentale Imperium où on peut apercevoir de nouveaux profils de Ghouls derrière le grand rideau blanc qui tombera sous les notes du premier titre très efficace qui ouvre également l’album : Kaisarion.
La messe peut enfin commencer, et l’arrivée de Papa Emeritus IV nous souhaitant “la bienvenue au spectacle” mettra la salle en euphorie. Dès le premier titre, Bercy est debout en gradin et y reste jusqu’à la fin, ce qui est assez rare pour être souligné !
La scène est habillée de gigantesques vitraux illuminés, avec à leur base, une réplique d’église avec de chaque côté des sculptures de pierres qui serviront aux guitaristes pour surplomber la foule. Les jeux de lumière créent de superbes effets pour rendre ces vitraux plus vrais que nature.
Papa Emeritus est habillé sobrement sur cette première partie de concert ce qui lui permet d’être bien plus mouvant que les anciennes tournées : pantalon, chemise, gilet trois pièces. Il changera cinq fois de tenue avec une autre toute noire et des ailes de chauve souris, une de Papa complète qui fera hurler la foule, une autre avec un chapeau trois cornes et une tenue bien plus disco-pop avec une veste bleue à paillettes, bien loin du cliché du clergé. Les Ghouls quant à eux ont également changé de masque, avec un style plus steampunk inspiré des Tusken Raiders dans Star Wars. On a donc bien fait un saut temporel avec Impera, direction l’ère Victorienne.
Le groupe enchaîne avec Rats puis From The Pinnacle To The Pit. Dommage que la balance mette un petit temps à remettre les riffs à leur place. Niveau pyrotechnie, quelques pétards explosent quand il le faut, remuant la foule et ne laissant pas de répit. Papa Emeritus laisse une belle place à ses musiciens qui se charrient les uns les autres, notamment pendant deux moments forts : une battle entre les deux guitaristes se concluant sur une Marseillaise, et la fin de Miasma légèrement revue, bien plus pêchue et rallongée.
L’un des moments forts a eu lieu justement sur Miasma avec l’arrivée surprise sur scène dans une boîte vitrée, entouré par deux roadies, du défunt Papa Nihil ressuscité par défibrillateur pour jouer son célèbre solo de saxophone, c’était juste génial et nous a plongé à la fois dans le monde d’Alice Cooper et d’Iron Maiden avec une silhouette géante zombifiée, un peu pathos.
Il parle beaucoup, mais moins que les années précédentes. Il nous demande très souvent si tout va bien, si on passe une bonne soirée, ou si on a bien passé nous aussi deux années merdiques. Il fera sa pub tranquillou en annonçant la sortie de son nouvel album et demandant si on l’a écouté, ou encore si on a vu le film Halloween Kills et si on l’a aimé (ndlr : le premier extrait d’Impera, Hunter’s Moon a été dévoilé bien avant la sortie de l’album car le titre a été utilisé comme BO du film Halloween Kills..). Mais même s’il parle beaucoup, et donnant un peu d’âme, la voix est juste, puissante et tiendra sans problème les 1h45 de concert. La gestuelle est gracieuse et donne du relief au personnage. C’est fou comme un costume change un homme. Auparavant plutôt statique car coincé dans sa soutane brodée, on a pu avoir un aperçu de son jeu de scène avec la tournée de Cardinal Copia en 2019 mais cette fois, il a privilégié le jeu de scène aux costumes, bien qu’il est apparu en tenue papale le temps d’un titre pour le plus grand plaisir des présents ce soir.
Après un rythme effréné, il est temps de se poser avec le titre He Is où le public, de façon instinctive, allumera les flashs de son téléphone pour faire de Bercy, une superbe voie lactée. A peine le temps de se remettre de nos émotions, aucune pause n’est permis et le groupe continue de dérouler le set mais toujours pas de Twenties à l’horizon. Étonnant sachant qu’il a été choisi comme deuxième single d’Impera. Plus d’1h20 se sont écoulées, Papa Emeritus annonce d’emblée qu’il ne reste que trois titres, dont un qui, d’après ses dires, nous fera bien bouger notre cul. Pas de rappel donc, tout est organisé au cordeau. Bien qu’il nous fasse choisir entre un titre « ballad » ou « heavy ». Évidemment, la foule a plutôt plébiscité un titre Heavy et ne fut pas déçue !
Le final des trois titres comprend notamment la reprise de Metallica, Enter Sandman jouée à l’occasion des trente ans du Black Album à la demande du groupe, aux côtés d’autres artistes comme Depeche Mode. On peut se demander pourquoi faire une reprise avec cinq albums bourrés de pépites, mais Tobias a répondu récemment dans le magazine Rock Hard France, que les royalties avec l’accord de Metallica, étaient reversées à une association de leur choix, à savoir une organisation caritative qui permet aux adolescents transgenres de partir en camps de vacances et d’avoir le temps de quelques semaines, un peu de répit et donc, il est important pour lui de continuer de jouer cette cover. Et puis, en réalité, personne ne boude ce choix car cette reprise est juste parfaite.
Concernant la setlist, la part belle sera faite aux trois derniers albums et beaucoup moins aux deux premiers albums avec pour chacun, seulement un titre joué (l’excellente Year Zero, sûrement ma préférée en live, et Ritual). Les fans devront donc encore attendre avant d’avoir Idolatrine. Le final sera appuyé par des flammes et des jets de confettis remplissant Bercy en ébullition qui hurle le refrain de Square Hammer. Papa Emeritus se lâchera dans une bataille simulée avec son guitariste allant jusqu’à tomber au sol, avant de revenir saluer la salle à deux reprises devant des applaudissements et une standing-ovation qui auraient pu durer des heures.
La salle ne se rallume pas malgré une fin ne laissant aucun doute sur un non-rappel. Après quelques secondes, l’écran principal de l’Accor Arena s’allume et laisse apparaître la vidéo suivante :
Hurlements de certains qui, on s’en doute, ont leur sésame pour le Hellfest. On avait parié sur eux car le Hellfest avait expliqué dévoiler le nom de sa dernière tête d’affiche (pour remplacer Faith No More) le 19 avril et faire une soirée spéciale après le concert dans son bar parisien, le Hellfest Corner. Fin du show, direction le Hellfest Corner donc et l’Happy Hour pour celles et ceux qui étaient au concert afin de terminer en beauté !
Après cinq albums, Papa Emeritus n’est pas au bout de sa quête mais le chemin parcouru est énorme. Ghost est indéniablement installé dans le paysage du “Metal” mondial. Il ne cesse de créer que ce soit un univers, une histoire, des vidéos toujours drôles laissant entrevoir la vie du Clergé, de se réinventer, de prendre des chemins certes plus pop mais purement efficaces pour les oreilles, avec une complexité indéniable.
Habemus Papa Emeritus !
Spöksonat
Dance Macabre
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